Un vieux sujet bien amusant :-)

Guronce de Lix · 22/07/2013 21:50:57

(pris sur le site de Kalan, pour ceux qui comme moi n'avaient pas vu à l'époque)

Très récemment, nous avons revu l'accueil des visiteurs de notre site Gloire et Pouvoir. Dans cet accueil, une petite phrase a déchaîné le délire hilarant d'un de nos fidèles seigneurs, le sieur Alzgard. Je vous laisse vous délecter....« Gloire et Pouvoir est un jeu pour ceux qui ont aussi une vraie vie ! » lit-on sur la nouvelle page d'accueil du site.Ne serait-ce pas là, Ô Majesté Superbe, Ô Mirifique Lion de Scandinavie, Ô Toi toujours mourant et toujours renaissant, ce qui s'appelle de la réclame trompeuse ? Il semble en effet que, dans le cadre d'une étude plus large concernant le public des jeux en ligne, le département Psychopathologies Sociales Appliquées de la Johns Hopkins University a publié récemment une enquête dont les conclusions font froid dans le dos. Nous citons ici quelques extraits d'un entretien réalisé dans le cadre de ce travail, avec la permission du Maryland Journal of Drugs and Mental Addictions.

« David (*), parlez-nous de votre vie… avant ?
Avant de jouer à Gloire et Pouvoir, j'avais une vie normale. J'étais commercial dans une grande société française, je gagnais bien ma vie. J'étais marié, j'avais deux enfants, un pavillon à Pontoise, un chien…
Comment s'est passé votre premier contact avec Gloire et Pouvoir ?
C'est un ami qui m'en a parlé. Nos femmes étaient allées faire su shopping en ville, il m'a dit “viens, je vais te montrer un p'tit jeu sympa”.
Vous avez tout de suite accroché ?
Non. Au départ, j'ai même trouvé ça moche et chiant. Et puis j'ai découvert les gazettes d'Ykar, les textes de Lazar, la bibliothèque d'Athys de Saint-Aignan. J'ai commencé à y penser dans la journée, au boulot, et puis le soir aussi, quand je faisais semblant de regarder Grey's Anatomy avec ma femme, Maryvonne (*).
Vous ne vous êtes pas rendu compte que quelque chose clochait ?
Pas tout de suite, non. Oh, évidemment, mon N+2 m'a regardé un peu bizarrement la première fois qu'il a reçu un mail signé “Sire Baudet du Poitou” (**). Et mes collègues ont été surpris, bien sûr, de me voir essayer de refourguer un olifant ou un pigeon voyageur à un client, au lieu des terminaux 3G habituels. Mais sur le coup, je n'ai pas voulu y faire attention, j'ai mis ça sur le compte du surmenage. Même quand je suis allé au boulot en cotte de maille, un jour, sans m'en rendre compte, j'ai continué de penser que l'arrêterais quand je voulais.
Vous avez eu des problèmes d'insomnie, aussi ?
C'est venu progressivement. Au début, je me relevais de temps en temps pour aller vérifier que mes ordres étaient bien passés, ou bien pour envoyer un mail de dernière minute. Et puis, j'ai commencé à me réveiller de plus en plus souvent, en sueur, terrorisé. Parfois, ma femme m'entendait hurler dans mon sommeil des phrases comme “Je t'aurai un jour, Guronce, je t'aurai!”
Vous avez eu des ennuis avec votre femme ?
Ça a commencé un dimanche, le jour où je l'ai attachée par les cheveux au pot d'échappement de Rossinante, ma fidèle moto, et où j'ai voulu la traîner sur la chaussée à travers la ville… Ce soir-là, j'étais comme fou ! Elle venait de rebooter la box familiale, alors que j'étais en pleines négociations IRC avec le seigneur Orcrist. Juste au moment où j'allais conclure : dix-huit heures de négociations non stop ! Cette fois-ci, c'était moi qui le tenais, et j'allais lui faire payer toutes ces fois où lui m'avait entourloupé…
Avez-vous su pourquoi elle avait fait ça ?
Je ne sais pas, non. Mais j'ai l'impression que c'est ce jour-là, que ma vie a véritablement basculé.
Est-ce qu'elle a eu des séquelles physiques ?
Non, non : heureusement, Rossinante est tombée au bout de quelques mètres seulement. Maryvonne en a été quitte pour quelques ecchymoses sans gravité.
C'est à ce moment là qu'elle a demandé le divorce ?
En effet. Du jour au lendemain, j'ai tout perdu : ma maison, ma femme, la considération du monde. Maryvonne a obtenu la garde de Dylan et Cunégonde (*), nos deux enfants.
Ça n'a pas dû être facile pour eux non plus ?
C'est vrai. Ils ont été privés de leur papa, subitement. Ils ont perdu leurs repères. Dylan a dû retourner à l'école, alors que j'avais obtenu de le garder à la maison pour lui faire sa formation d'écuyer. Je comptais l'envoyer comme page auprès du Roy Kalan. Et je rêvais d'un beau mariage pour Cunégonde, bien sûr ! Je comptais entamer des démarches auprès de Sire Ilmir, pour unir nos familles. Eux, ils y croyaient, et tout s'est écroulé sans préavis, on les a arrachés à mon affection, on a détruit leurs rêves.
Qu'avez-vous fait ensuite ?
J'ai pris Rossinante, et puis nous sommes partis tous les deux. J'ai perdu mon travail. Je n'avais plus de quoi nourrir la pauvre bête, alors j'ai dû la vendre à un équarrisseur…
Un garagiste ?
Un garagiste, oui. Marmont m'a hébergé quelque temps. Quand il m'a fichu dehors pour l'avoir félonisé volontairement sur une partie, je me suis retrouvé sous les ponts. Je faisais la manche pour pouvoir me payer un hamburger deux fois dans la semaine, histoire de pouvoir me connecter et passer mes ordres.
Comment vous est venue la prise de conscience de votre état ?
C'est lors d'une IRL. Je ne sais pas quel a été le déclencheur. Ça s'est produit au moment où Captain Universe (***) m'a vomi dessus pour la deuxième fois de la soirée, je crois. J'ai ouvert les yeux, et je les ai vus autour de moi : les Filve, avec son petit regard vicieux, McLenet, qui tenait à peine debout, et puis Nithe qui tripotait le serveur dans un coin… ça, des seigneurs ?
Et moi, j'étais comme eux ? Perdu dans mes rêves ?
Aujourd'hui, vous êtes définitivement guéri ?
Aujourd'hui, je ne replongerais pour rien au monde. Gloire et Pouvoir m'a fait trop de mal. J'ai retrouvé un travail à mi-temps dans une association, je peux de nouveau voir mes enfants une fois tous les quinze jours… je me suis reconstruit petit à petit, ça n'a pas été facile tous les jours, mais je ne veux surtout rien gâcher. Maintenant, je profite de chaque instant.
Vous qui vous en êtes sorti, qu'avez-vous envie de dire aux malheureux qui vont se lancer dans l'aventure de Big6 ?
Eh bien je… Big6 va commencer ? Oh putain, mais je ne peux pas rater ça !
C'est à dire que vous disiez à l'instant…
Ah nan mais là c'est pas pareil, je replonge pas. Là j'arrête quand je veux.»

Cet entretien n'a pu malheureusement être mené à son terme : le sujet s'est en effondré, foudroyé, lorsqu'il a su que les inscriptions étaient désormais closes pour cette “Big6”. Il est aujourd'hui en maison de repos, ainsi que d'autres sujets. L'étude devra être reprise par la suite, avec un protocole affiné, pour éviter ce genre de perturbations de mesure.(*) Les prénoms ont été modifiés
(**) Le pseudonyme a également été modifié
(***) Celui-là aussi, paraît-il