Seigneur Slaanesh,

Votre puissance devenait trop pesante, il m'est apparu nécessaire (sans qu'on me l'ordonne comme vous semblez le penser) que je devais me mettre sur votre chemin. Si l'impression - réelle il est vrai - de l'émergence d'une coallition bélliqueuse à votre égard vous envahit, je vous prie de ne pas oublier que seul vous avez menacé la Scandie entière et quiconque qui oserait s'allier ou rester allier à ma personne. Par cette attitude et par vos funestes promessses à ceux qui transigeraient à vos règles, conjugés au danger grandissant que vous représentiez, il m'était indispensable d'envisager une autre voie.

Vous exigiez aucune attaque de mes forces cette saison sur vos terres. Vous remarquerez que vous avez été exaucé...

Loin l'idée de moi de parader et même de vous imaginer déjà vaincu, ça serait un peu reproduire votre erreur en sous-estimant les autres possibilités, les renversements de situation.

Loin aussi l'idée de croire que la course au trône soit déjà close, le Duc Spikelor possède une bien belle longueur d'avance, mais vous le savez désormais, rien n'est jamais acquis ; les seigneurs Cpte Bly ou Calydan par exemples peuvent encore largement sceindre la couronne du Royaume.

En outre, j'admets douter que vous, descendant d'une grande lignée, puissiez baisser les bras face à l'adversité. Vous, Prince des plaisirs et du Chaos, perdu certes dans la luxure et ses jeux interdits, vous ne songiez pas à revenir au premier plan. C'est pourquoi, je resterai sur mes gardes et tenterai d'éviter toute erreur.

Clotaire.

Le déshonneur n'a jamais conduit quiconque sur le trône. Chefs de guerre anglais, vous avez choisi une ligne de conduite bien dangereuse et puante. Cela est un fait : l'invasion que nous avons subie et la guerre de libération que nous avons menée jusqu'ici nous ont épuisées et coûtées chères sur bien des plans. Et vous l'avez bien compris. C'est pourquoi, vous avez jugé bon de nous poignarder au moment où nous avions le dos tourné, trop occupé à reprendre notre souffle.

Mais, il semble bien que vous n'ayez pas compris ce qui a fait l'essence même de notre vitalité, de nos victoires alors que nombreux étaient ceux qui nous croyaient perdus. Les envahisseurs avaient excité notre haine, notre soif de survie. Ils ont démultiplié notre force morale et physique. Ils nous ont poussé à une la fraternité des peuples espagnols. Par leurs agressions, ils nous ont rendu plus puissants... En nous trahissant comme vous venez de le faire, en ayant planifié si précautionneusement vos sournoiseires, vous venez de reproduire la même soif de justice, vous nous avez gonflés de hargne et de fureur.

Vous avez décidé de porter vos intentions belliqueses sur les chemins espagnols.Mais ceux-ci regorgent de dangers. Vous vous êtes engagés dans le chemin de la fourberie, vous avez pris rendez-vous avec la mort. Soit, qu'il en soit ainsi ! Le tranchant de nos épées n'attendent que le moelleux de la peau de votre cou, à moins que la pointe de celles-ci vienne se planter dans vos coeurs maudits.

Même si je dois tomber sur le champ de bataille pour la liberté de l'Espagne et son honneur, je fais le voeu de croisade. Je jure le désastre, les larmes et le sang aux nouveaux envahisseurs quelqu'en soit le prix.

Il est vrai que ces lignes dénotent d'un certain mystère.
Un suicide ?

La neige n'avait jamais cessé de tomber durant tout ce temps. Elle recouvrait doucement les affres de la guerre. Les larmes se mélangeaient au goût ferrailleux du sang. Ce n'était pas le sien, il n'était pas blessé. Enfin, il le croyait. Gwendaf n'était pas en mesure de le vérifier, il restait prostré contre le remblai. Son regard terrorisé ne pouvait se détacher du visage ensanglanté qui était tourné vers lui. En tendant la main, il aurait pu le toucher. Les yeux vides de ce visage avaient dû exprimer une grande volonté. Le sang qui coulait de sa bouche n’était rien comparé à la flaque qui s’épandait sur son poitrail. Cet ennemi avait trépassé comme beaucoup de ses frères d’armes. Les pertes du côté des vainqueurs étaient aussi conséquentes. Mais la victoire avait été la récompense de ce tribu. Gwendaf s’en moquait bien. Il ne voyait dans tout ça que la souffrance, la terreur, les morts, la cruauté, la soif de pouvoir. Il secoua la tête en signe de dénégation. Il se tourna légèrement et vit son oncle s’acharner sur sa hache afin de la retirer du dos d’un cadavre. Il forçait, mais elle ne venait pas. Il tira alors d’un coup sec laissant entendre un craquement sourd. Une grimace de satisfaction barra le visage d’Ergon qui jeta un regard à Gwendaf. Son expression changea. Du dégoût, voire de la honte, pouvait se lire désormais sur cette face de brute.

« - Debout, froussard ! Tu me fais honte ! »

Gwendaf tenta de se soulever, mais ses jambes refusèrent d’obéir.

« - Si je n’avais pas été là, tu serais comme eux, grogna Ergon en montrant du doigt des victimes de la bataille. Tu n’es qu’un merdeux.
- Je… je… je veux rentrer chez moi.
- Crois-tu que tu as le choix ? Tu vas te battre et faire honneur à notre famille, au moins en mourant dignement, les armes à la main.
- Je… je ne peux pas. C’est plus fort que moi. »

Ergon s’approcha, souleva d’une main son neveu et lui colla son visage contre le sien. Son haleine fétide aurait pu réveiller la moitié des morts du champ de bataille.

« - Tu vas prendre ton arme et te conduire en homme, sinon tu n’auras plus jamais l’occasion de rentrer chez toi… Je me suis bien fait comprendre.
- Oui, oui, oui… »

Ergon jeta la mince silhouette à terre. Gwendaf savait que cet enfoiré avait raison : sans lui, il serait mort. Pire, si l’ennemi avait pris le dessus comme ils l’ont fait plus au Nord, personne n’aurait pu le secourir. Et seul Dieu sait ce que l’ennemi lui aurait réservé : tortures, supplices, suivis de la mort bien entendu. Non, Gwendaf ne pouvait pas rester ici. D’autant plus qu’il fallait déjà repartir pour en découdre. La seule chose à faire, c’était la désertion…
 

Merci (Majesté ) pour ce récit retraçant plutôt fidèlement les évènements de cette période de course au trône que vous avez remportée sans qu'aucun de vos ennemis ne puissent vous faire trembler.
Je souhaitais adresser un petit clin d'oeil à Mou du genou gauche (mais habile du droit) pour le petit ping-pong que nous avons entretenu. Il a été agréable de guerroyer (et d'être humilié) par celui-ci.
Je salue naturellement mon (malheureux éphémère) allié Zoulou que je voyais déjà se déployer dans le Sud... L'infortune en a voulu autrement.

Chilpéric II

"- Je vous écoute", lança Chilpéric II à ses Conseillers.

Un silence pesant s'abattit dans la sombre pièce démunie d'ouvertures vers l'extérieur afin que des oreilles ou des yeux indiscrets ne puissent soutirer des informations.

"- Il y a bien un moyen pour donner à ces imbéciles de Valère ou Léopold une renommée digne de ce nom sacrebleu !
- Il y a bien cela, dit le Conseiller à la diplomatie en tendant un document, mais... étant donné l'état actuel des choses...
- Qu'est-ce ?
- Un message d'Abrapam qui infor...
- Qui ? Apalan ?
- Abrapam, seigneur. Le clerc du seigneur Mou du genou gauche."

Chilpéric lança la feulle sur la table en se retournant :

"- Voyons, voyons, un peu de sérieux. Nous sommes en plein conflit. Et pourquoi pas un cocktail dinatoire...
- C'est une invitation permanente, seigneur.
- Ma réponse l'est tout autant. Autre chose ?
- Il y a la joute Royale, osa le Conseiller militaire.
- Messieurs, avez-vous tous perdus la raison ? On parle de Valère et Léopold... Ces guignols n'ont aucune chance de passer un tour à cette joute. J'hésite même à les y envoyer de peur de me couvrir de ridicule devant le Roy.
- Sinon, il y a les jeux du cirque... dit un autre membre du Conseil. Là, au moins, ils seront à leur place."

Chilpéric II baissa les bras en soupirant tout en retombant sur son siège. S'il avait été jusqu'à présent, le chevalier de sa lignée à survivre le plus longtemps, les sous-doués qui l'entouraient devrait vite mettre fin à cette longévité. Ceci étant dit, l'idée n'était pas si idiote...